J'ai été saisie dès
la première lecture par l'évidence du poème, la re-création
par la littérature de l'univers mental, sensoriel et métaphysique
d'un enfant. S'est mis en route quelque chose ayant à voir avec
le souvenir. Mais aussi, plus largement, avec la solitude
de n'importe quel être humain face aux questions du langage, du jeu,
de l'action. Une solitude heureuse, angoissante, forcément vitale.
Partant
de là, quel langage scénique inventer qui puisse témoigner
d'une rencontre et de ce qui, au plus intime, est poème ?
Il s'agit de
travailler sur l'espace entre les choses :
un espace sensible, mouvant, où se tissent des rapports. Mettre en
mouvement plutôt qu'en image, sur une scène en perpétuelle
construction/déconstruction, selon une logique poétique. Considérer
l'action comme un outil de création et de structuration d'espace(s),
le rythme et la musicalité comme des moteurs de jeu. Que cela soit clair,
lumineux, joyeux et grave.
Sur le plateau, une comédienne seule et des objets de base - table, planche, chaises, robe. En haut des ampoules électriques suspendues. Des boucles de musique viendront peu à peu se mêler, recouvrir, jouer avec les mots énoncés, jusqu'à ce que paroles, chants, sons et notes construisent une forme d'oratorio. Le mouvement à l'oeuvre étant de faire durer une chose qui n'en finit pas de commencer, d'explorer les multiples facettes d'un langage toujours en train de s'inventer, de se réinventer.
En ce temps-là. Ce sont les premiers mots.
Le premier acte sera
de se souvenir de ce temps-là. De ce qui est écrit là. Agir par la parole
pour que cela qui est entre les mots et l'écoute, dans
l'espacement, advienne.
Et peu à peu ouvrir
des brèches pour la fiction, le jeu, d'autres corps, d'autres lieux.
Ainsi la parole sera multiple: voix parlée/chantée,
langues française/anglaise, exploration de différents modes de
dire. Ainsi l'actrice jouera sans qu'il soit question de personnage, mettra son corps, sa voix, sa mémoire à l'épreuve d'une langue. Le texte initial étant considéré comme un matériau rendant possible l'accès à son propre chant.
L'enjeu
global est de rendre
sensible un paysage intérieur
et que ce qui s'écrive témoigne de la multiplicité des états qui
traversent un être occupé à vivre sa vie.
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